Du monastère à la finance Par Isabel Jan-Hess le 28.05.2012 à 09:27

Comprendre, analyser, décrypter ce qui fait la force de chaque être humain. Ce travail d’exploration intérieure, Maxime Morand l’entreprend chaque jour depuis plus de trente ans. A 60 ans, cet ancien moine cistercien, devenu directeur des ressources humaines du groupe bancaire genevois LODH (Lombard Odier Darier Hentsch), vient de tourner une nouvelle page d’une vie en constante effervescence.

Comprendre, analyser, décrypter ce qui fait la force de chaque être humain. Ce travail d’exploration intérieure, Maxime Morand l’entreprend chaque jour depuis plus de trente ans. A 60 ans, cet ancien moine cistercien, devenu directeur des ressources humaines du groupe bancaire genevois LODH (Lombard Odier Darier Hentsch), vient de tourner une nouvelle page d’une vie en constante effervescence.

Un parcours atypique, qui l’a conduit de l’Eglise à la finance. Deux mondes aux antipodes l’un de l’autre? «Oui, mais non», répond d’emblée celui qui a travaillé plus de vingt ans dans plusieurs grands groupes bancaires. «Mon engagement, ecclésiastique ou professionnel, a toujours contribué à faire jaillir de chacun le potentiel nécessaire à son épanouissement. Le challenge n’est pas si différent. Lorsque vous développez une stratégie d’entreprise, la place de chacun doit être précise.»

Introspection de l’humain

Installé dans son arcade de la rue Ancienne à Carouge, l’homme partage volontiers sa culture. Assis devant ses toiles colorées, réalisées dans sa maison de campagne, il fait référence à de grands auteurs pour appuyer ses thèses. Il aime parler, s’interroger et analyser les réactions. Aujourd’hui consultant en développement personnel et ressources humaines, Maxime Morand poursuit cette introspection de l’humain. Il met son expérience au service des entreprises. Des sociétés bancaires, pour la plupart, qui lui confient la gestion humaine de leur destinée. Son défi: «Comment recruter des managers honnêtes?»

De son enfance en Valais, l’ancien moine garde le souvenir d’une famille unie et d’une grand-mère lumineuse. «Elle était le soleil de mes journées. J’étais entouré de femmes! Mère, sœur, tantes, un vrai matriarcat.» Il évoque aussi son père, socialiste, syndicaliste, face à une épouse issue d’une bonne lignée radicale. «Les discussions à la maison étaient passionnantes.»

Chez les Morand, on est certes pratiquant, mais sans démesure. Pourtant le gamin est très vite attiré par l’Eglise. «A 5 ans, je me levais à 5 heures pour aller servir le vin de messe», se souvient celui qui entre dans les ordres à 17 ans. Pour lui, il n’y a pas de vérité toute faite. Pas le bien contre le mal. Chacun accomplit son propre chemin dans une plénitude qui lui correspond. C’est cette contemplation qui, comme un fil rouge, l’a conduit à s’engager comme apprenti moine à l’Abbaye cistercienne d’Hauterive (FR). «Je ne savais pas exactement ce que j’allais faire de ma vie et cet engagement correspondait à ce que j’étais à ce moment-là», explique celui qui a effectué ses études à Fribourg. En 1975, il rejoint le séminaire valaisan et achève sa licence de théologie en 1980. «J’ai ensuite été ordonné prêtre.»

Mais Maxime Morand ne sera jamais un ecclésiastique soumis et docile. L’ancien chef scout refuse la hiérarchie. Il n’hésite pas à déclarer que «faire l’amour est un moment de haute spiritualité», faisant référence au Cantique des Cantiques de Salomon. Il remet en question l’interprétation des textes. Sa thèse mettant en doute l’omniscience du Christ est refusée par les autorités pontificales. «Je n’arrivais simplement pas à obéir ou prêcher, sans réfléchir.» Animé par cette foi qui ne l’a jamais quitté, il réalise que son engagement peut prendre d’autres formes.

Le destin improbable d’un moine

En 1986, le prêtre quitte l’Eglise et entame une nouvelle vie en rejoignant l’équipe du Management Development du Credit Suisse, à Lausanne, comme formateur, responsable de la relève et des Assesment. En 1990, il est nommé directeur des ressources humaines du Credit Suisse et rejoint Lombard Odier en 2001, juste avant la fusion avec Darier Hentsch. Marié à Caroline depuis 1991, Maxime Morand vit désormais à Carouge avec ses deux ados. Père, mari, directeur et entrepreneur: le destin improbable d’un jeune moine.

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