Folle envie d’égratigner la crétine et commerciale fête qui entraîne les mâles dans une gymnastique en déséquilibre majeur. D’abord, le 14 février, c’est la Saint-Valentin, masculin quoique martyr, et non pas la fête des saintes valentines, féminin au pluriel délicat. Nous ne sommes donc pas censés, nous les hommes, vous combler de petits cadeaux et d’un repas fin. Donc, prière de faire une inversion: veuillez donc, demoiselles et dames, femmes adorées, passer à l’acte: faites-nous la fête!
Vous pourriez donc nous offrir «Portraits de femmes» de Philippe Sollers. Nos narcissismes successifs seraient comblés. Avec une ironique tendresse, chères aimées, osez poser sur la table du salon: «L’amour est très surestimé» de Brigitte Giraud. Après quelques pages d’un réalisme chatoyant, la dernière nouvelle du livre nous invite à passer des soirées lumineuses, douces, chaleureuses et craquantes, comme un feu de cheminée.
«Nouveaux couples», de Robert Neuburger, pourrait aussi faire l’affaire. Le chapitre 2 va à l’essentiel: un couple est couple par deux sphères qui devraient se manifester à égalité: «l’intimité et la norme». Traduction: un couple est couple par le récit répété de son apparition et de son développement et par les expressions n’appartenant qu’à ces deux-là. Le langage comme lien. Un couple est aussi couple par le jeu social de la reconnaissance de son positionnement. Comment le couple veut-il être perçu par les autres couples? L’effet miroir comme identité. Il paraît que le déficit, soit du langage intime, soit de la reconnaissance normée, pourrait mettre le couple en danger. Chères valentines et valentins, après quelques tendresses partagées, ce soir, une petite révision sur la tabelle de l’amour est en suggestion. Narcisses en présence? Surestimation? On s’en fiche! Pourvu que nous nous parlions notre langue à nous et que nous soyons fiers, devant les autres, de qui nous sommes à deux!