Le temps de l’audace. Focus PME septembre 2014. Maxime Morand

Focus PME
Septembre 2014.

Maxime Morand

Le temps de l’audace.

Si nous devions dessiner l’image de la représentation du temps qui se loge au fond de notre cerveau, nous pourrions souvent esquisser une flèche en forme de courbe qui s’élève vers le haut : le graphique de la croissance. Aller vers le mieux, le plus, monter vers le futur de l’accomplissement, de la réussite. Enfant des trente glorieuses, ceux dont je suis le fils désiraient, pour leur progéniture, davantage d’éducation, de diplômes, plus de revenus, plus de bien être et de la santé par surcroît. Depuis quelques années, ce schéma linéaire ascendant, qui régit encore nos prévoyances prometteuses et risquées, se brise en une série de flèches droites allant en tous sens : vers le haut, vers le bas, en forme de plateau sans fin, avec des soubresauts plus ou moins rapprochés. Leurs caractéristiques révèlent qu’elles ne sont pas reliées, il y a des trous, des manques entre ces figures. Ainsi à l’orgueilleuse érection soutenue de sa vie personnelle et professionnelle, se substituent des parcours en ruptures. Les changements de filière, de métier, de lieu d’habitation, de partenaire s’inscrivent aux abonnés absents de la cohérence constante en ascension.

Lorsque mon parcours est stoppé, chamboulé, comme vais-je gérer la césure, le vide, le saut vers la plateforme suivante ? Comment vivre bien alors que je ne distingue pas clairement mon à-venir dans l’horizon flou de l’incertitude ? Comment apprivoiser l’angoisse de l’étape d’après, où, à la fois, tout semble ouvert et tout semble fermé ?

Le vertige de devoir ou de vouloir changer, comment l’aborder ? Je suis désolé, les filets verbeux des conseils en transition de carrière risquent de vous aider que de manière formelle. Les questions et les réponses rejoindront l’univers marchand : quelle rémunération, quelle sécurité, quelles responsabilités familiales, quelle image sociale et professionnelle, quels seront mes référentiels à venir ? L’angoisse générée par la peur du pas suivant, la crainte de ne pas trouver un rôle professionnel à la hauteur de ses attentes, de retrouver un(e) partenaire accordé(e) à son style de vie : comment vais-je maîtriser tout cela ?

Peut-être, sûrement, faudra-t-il aller mordre au tamis de ses reins pour trouver ou retrouver sa raison d’être, sa raison d’exister. Est-ce que je vais, pour la sécurité alimentaire nécessaire, jouer le rôle attendu, en faux cul si peu sexy, ou vais-je choisir d’être aligné, consistant avec qui je suis, en prenant le beau risque de n’être que cela, tout cela ? Il faudrait, lors d’une césure, entrer en dé-pression. Ne pas se mettre la pression. Ne pas se raconter de fausses raisons d’être au monde, arrêter de vouloir rouler les mécaniques de la fausse fierté. Accepter sa solitude fondamentale. Dans le cercueil, sauf erreur, nous serons tout seul. Sachant cette ultime frontière, alors se décider de décider de sa vie.

Je vous invite à trouver ou à redécouvrir votre base de sécurité : un lieu beau – à moins d’une heure de route – dans lequel vous vous sentez en paix, calme, bien avec vous même. Lorsque vous êtes dans cet endroit c’est comme si vous étiez dans une citadelle imprenable ou dans un sanctuaire où vous vous re-cueillez. Vos énergies sont denses et sereines. Vous vous trouvez le cœur. Vous habitez avec vous-même. Gardez ce lieu dans l’oeil de votre cerveau. Vous pouvez donc le convoquer quand vous voulez, à chaque fois que la peur nocive s’annonce, imposez visuellement votre lieu sur la rétine de vos yeux. (J’ai aussi mon lieu sur mon i-phone !). Au cœur de la dé-pression se trouve ainsi, grâce à sa base de sécurité, la jubilation d’existence, la fierté et le plaisir d’être soi. Libre et indépendant, fondé, vous allez devenir attirant.
Et la prochaine étape, le prochain job, le ou la nouvelle partenaire viendra vers vous.

Vous vous faites des objections en disant que cela ne marchera pas ? Allez chercher sur le net, ce que Goethe dit du « pouvoir de l’engagement ». Lorsque l’audace est enclenchée tout concourt au succès et les objections volent aux éclats.

Partager cette publication

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email